Le célèbre gynécologue italien Severino Antinori fait encore parler de lui. Après s'être illustré pour avoir aidé des femmes âgées (62 et 63 ans) à procréer, le spécialiste va procéder à la fécondation artificielle d'une femme dont le mari est dans un coma irréversible à la suite d'un cancer au cerveau.
La presse italienne s'en fait largement l'écho ce mercredi, l'affaire une première en Italie soulevant les protestations du Vatican.
«Je souhaite aider cette femme qui a décidé de devenir mère pour réagir à l'immense douleur d'un décès annoncé», a affirmé Severino Antinori, surnommé l'«accoucheur des grand-mères» par la presse de la Péninsule.
«C'est un défi contre le temps et contre la maladie. J'ai décidé d'agir car le tribunal a autorisé le prélèvement du sperme du mari», a-t-il ajouté, cité par le «Corriere della Sera».
Le consentement nécessaire
Severino Antinori a en effet obtenu l'autorisation d'un juge, qui a délégué au père de l'homme dans le coma la faculté de décider.
Le consentement des deux membres du couple, comme dans tous les pays européens, est pourtant nécessaire en Italie pour lancer une procréation médicalement assistée (PMA).
En avril 2007, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) avait rejeté la demande d’une Britannique qui souhaitait que lui soient restitués des embryons congelés, contre l’avis de son ex-fiancé.
«Ce qui se prépare est illégal car l'accord des deux parents est nécessaire pour la procréation (selon la loi 40/2004 sur la PMA, ndlr). Dans ce cas, le mari est considéré comme un simple réservoir de cellules», a réagi Mgr Elio Sgreccia, président d'honneur de l'Académie pontificale pour la vie, cité par le «Corriere della Sera».
Une enquête menée dans l'entourage
Le quotidien «la Repubblica» révèle que le jeune couple impliqué habite Vigevano, dans le nord du pays.
Le mari, âgé de 35 ans, a été frappé il y a un mois par un cancer du cerveau foudroyant alors qu'il avait formé avec son épouse de 32 ans le projet d'avoir un enfant, précise le journal.
L'avocat de la potentielle future mère affirme qu'en cas de complications juridiques si un recours est déposé au nom de la loi 40/2004 sur la PMA , une enquête pourrait être menée dans l'entourage du mari, pour prouver qu'il désirait bien faire un enfant.
Sans être une prouesse sur le plan médical, cette affaire relance la polémique sur la législation en matière de procréation médicalement assistée, assez restrictive en Italie comme en France.
Réservée aux couples hétérosexuels dans ces deux pays, elle ne peut pas non plus être pratiquée après la mort du conjoint, contrairement à la Belgique, l'Espagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.