Fils de Maïmon ben Yossef HaDayan, Issu d'une longue et illustre lignée de rabbins et juges, que certains n'hésitent pas à faire remonter jusqu'à Rabbi (lui-même réputé de lignée davidique), il naquit à Cordoue. Le fait que sa date de naissance soit connue au jour près (encore qu'un doute subsiste sur l'année, 1135 ou 1138), ainsi que celle de son décès est indicateur de la réputation qu'il avait acquise de son vivant. Il perdit sa mère en jeune âge.
Vers l'âge de 13 ans, il fut contraint à l'exil lors de la prise de Cordoue par les Almohades. Ceux-ci contraignaient effectivement à la conversion ou l'exil. La famille Maïmon émigra vers le Maghreb oriental almohade (actuel Maroc), où le jeune Moïse s'instruisit en sciences juives et profanes. Il lut Aristote, Hippocrate et bien d'autres et prit connaissance des écrits d'Averroès à la fin de sa vie. La légende veut qu'il se soit brouillé avec son père, désespéré par son désintérêt affiché pour les études religieuses, avant de reparaître, voilé par son talith, faisant un magistral sermon lors du Shabbat avant de se réconcilier avec son père, vaincu par l'émotion et la maestria dont faisait preuve son fils. S'il s'agit bien d'une légende, inspirée de la biographie de Rabbi Akiva rapportée dans le Talmud, il est probable que son intérêt pour les sciences philosophiques en soit à l'origine. Cependant, le Talmud lui-même ne rapporte-t-il pas : "La croyance des nations (idolâtres), ne la crois pas, la sagesse des nations, crois-la" ?
Cependant, Fès devint rapidement elle aussi le théâtre de disputes sur fond d'intolérance religieuse, et la famille Maïmon dut émigrer en Terre d'Israël. C'est là que mourut le Rav Maïmon en 1170, après avoir encouragé sa famille à descendre en Égypte, où Maïmonide fut prié par toutes les communautés de devenir leur rabbin. Il n'avait que quarante-deux ans, mais le Karaïsme dominait en Égypte, et seul un homme de sa stature serait capable d'y faire face.
A la mort dans un naufrage de son frère David, dont le commerce de perles assurait leur subsistance, il refusa de "se faire une couronne de la Torah", et exerça la médecine pour subvenir à ses besoins. Son cabinet était ouvert à tous, juif, chrétien, musulman, riche ou indigent. Il parvenait encore à donner de magistrales leçons de philosophies, suivies de tous, et des cours d'études sacrées. Il devint rapidement médecin attitré du secrétaire de Saladin, ce qui lui valut autant d'inimitiés des médecins égyptiens que de membres de la communauté juive qui le soupçonnaient de vivre comme un converso.
Cette assertion, aussi fausse que ridicule, provient de ses rivaux, mais aussi de son disciple préféré, Joseph ibn Aqnin (auquel Maïmonide destina le Guide des égarés). Joseph avait transitoirement feint d'embrasser l'islam, avant de fuir, et de se rendre en Égypte, où il trouverait refuge auprès d'un érudit réputé nommé Moussa bin Maimun. Bien qu'il n'y ait pas eu de mauvaise intention de sa part, il est fort probable qu'il porta une grande créance à cette hypothèse, y donnant par là même beaucoup plus de crédit.
Par ailleurs, dans son Épître aux Juifs du Yémen, Maïmonide écrit effectivement qu'il n'y a ni
ni disgrâce à se convertir sous la contrainte, et que mieux vaut un Juif converti mais vivant, pour autant qu'il continue à pratiquer sa religion en secret, qu'un Juif mort. Quant à Maïmonide lui-même, sa personnalité était trop forte, et son prestige trop grand pour qu'il dût y recourir : le Roi Richard lui-même souhaita l'attacher à sa cour, offre que Maïmonide déclina.
Il mourut à Fostat, mais fut enterré à Tibériade, aux côtés de son père.
Sa première grande œuvre fut le Commentaire sur la Mishna. En théologie, il est notamment l'auteur du Mishné Torah, ouvrage monumental rédigé en hébreu dans une langue pure, et non en arabe ou en araméen comme il était d'usage, et destiné à remédier à la dispersion millénaire des règles de la pratique juive (Mishna). Son œuvre dans ce domaine constitue encore le socle de la loi rabbinique.
Comme philosophe, il introduisit la logique aristotélicienne dans la pensée juive et ouvrit des pistes dans les domaines de la psychologie et de l'éthique. Mais son apport essentiel consiste en une conciliation de la science et de la religion qu'il expose dans son Guide des égarés écrit cette fois en arabe. Maïmonide estime que la recherche sans préjugés de la « vérité scientifique », loin d'exclure Dieu, amène à mieux connaître sa perfection - pensée que l'on retrouve d'une certaine manière chez un autre Cordouan musulman, Averroès.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rambam