La chatte noire
/smileys/smilie3.gif" border="0" alt=""/>
/smileys/smilie5.gif" border="0" alt=""/>
Une femme possédait une chatte noire qu'elle appelait Ourida, ce qui signifie fleur.
Chaque matin, cette femme trouvait une pièce d'or sous son oreiller, et la dépensait sans chercher à en connaître la provenance .
Un jour, cependant, elle tourna la pièce entre ses doigts, réfléchit et posa toutes les questions auquelles elle n'avait jamais songé jusqu'alors.
Quand tomba la nuit, elle évita de se laisser aller au sommeil, et observa ce qui se passe dans sa chambre, les yeux mi-clos.
Au pied du lit, la chatte Ourida qui paraissait dormir, se leva lentement, s'étira, puis bondit et disparu par la fenêtre entre-ouverte.
Aussitôt, la femme rejeta sa couverture et se précipita sur les traces de l'animal.
Tous près du bougainvillées, elle vit la chatte noire se secouer et devenir une jeune fille d'une grande beauté.
Cette jeune fille alla s'assoir un peu plus loin et tira de sa ceinture un miroir et des fards qu'elle appliqua sur ses yeux, ses joues et ses lèvres. elle orna son front et ses épaules de bijoux et de voiles transparents aux vives couleurs, et bientôt son aspect fut celui d'une chikhat*(1).
Après avoir fini de parer, la chikha suivie de loin par sa maîtresse, marcha jusqu'aux murs d'enceinte et franchit la porte de la ville.
Elle continua ainsi jusqu' à un lieu désertique où l'attendaient d'autres chikhattes vêtues de costumes éclatants.Ces filles de la nuit s'empressèrent autour d'elle et lui demandèren la cause de son retard.
- Ma maîtresse ne pouvait pas trouver le sommeil ! expliqua-t-elle.
Mais très vite, les chikhattes oublièrent leurs craintes pour chanter et danser au son des tam-tams et des symbalettes, devant un public d'hommes drapés dans leur burnous.
Au matin, elles se partagèrent ce qui leur avait été remis par les hommes aux selhams*(2), et chacune rentra chez elle avec sa pièce d'or.
Sa curiosité satisfaite, la femme préceda la chikhat en courant tout le long du chemin.
Elle eut même le temps de se précipiter dans son lit et rabattre la couverture avant que la chatte noire entre dans sa chambre en sautant par la fenêtre .Mais tandis que la chatte Ourida s'approchait doucement de l'oreiller; sa maîtresse eut le tort de lui dire :
Je sais maintenant que tu es une jennia*(3), et je connais la façon dont tu gagnes la pièce d'or que tu glisses chaque matin sous mon oreiller !
Quelle imprudence fut la sienne ! Car, ce dont cette femme ne pouvait se douter, c'est que reconnue, la jennia devenue chatte le resterait toute sa vie, et ne pouvrrait plus jamais donner de pièces d'or...