Chers Casablancais racontez nous Casablanca,
Chacun de nous va se souvenir d'au moins une ou 2 histoires vraies,ou d'un monument,ou d'une rue, ou d'une ecole, d'un cinema,d'une place,d'un camarade,d'un saint, d'une fete,d'une rue, d'un boulevard,d'un quartier, d'un voisin,d'un directeur d'ecole, d'un prof,de bab Marrakech, de la bonne, du porteur, de la CTM, du pullman du sud qui partait tous les soirs vers Agadir et que je voyais stacionner,tous les soirs, face au marche central,les marches,les chanteurs,les docteurs,les infirmiers,les Galleries Lafayette,les glaciers,les cafes,le theatre,les patisserie, Yhia el tebah, le plus grand cuisinier, les mariages, les piscines,les plage,le zoo a Ain-Sebaa,le parc des jeux,la statue du Marechal Lyautey,les jeux de notre enfance,les chansons de moustapha,gege l'ecolier,et la chanson de la bombe atomique,le scoubidou,le houla-op,les matinees enfantines au cinema Opera,un drame,un evenement tragique,un bonheur,une naissance,un mariage,sans oublier que nous avons encore KENZA, TARZAN,MUSTAPHA, ET BOUCHAIB A CASA
qui pourront nous dire si telle ou telle maison ou ecole existent
allez, a vos clavier............................vous allez voir ca va etre un livre d'histoire,meme pour nos enfants,allez bidaouiin faites bouger votre memoire.
Voici l'histoire de mes shabats a casablanca , le souvenir est si beau que j'en reve souvent.
les preparatifs commencaient le dimanche.
dimanche apres un petit dejeuner: pain brule sur le gaz que l'on tenait par un couteau ou une fourchette, sur le pain on versait de l'huile d'olive et on saupoudrait du sucre en poudre .
Le sucre se vendait soit en petits carres que l'on mettait dans une boite en fer avec la
de de sa majeste le roi mohamed V,
si c'etait les grands "pilons" de sucre de 5 kg avec le papier de soie bleu turquoise fonce qui nous deteignait dans les mains et qu'il fallait un marteau pour le casser en petits morceaux qu'on mettait ensuite dans un bocal en verre .
Il y avait aussi du sucre en poudre mais si non, la bonne cassait pilait ...
Il y avait du sucre candi mais on ne se s'en servait jamais chez nous.
apres avoir manger le pain et l'huile qui nous coulait entre les doigts, un bon verre de the vert en grains, avec du nana , et on partait ma grand mere maternelle , mama sol ( sol amselem) et moi, au marche de "bab marrakech", on prenait le bus 1 bis "du marche central" , on s'arretait a "la place de France" et on entrait par le "D.L.P. ( derriere les planches)", c'est comme ca qu'on appelait el behira .
j'adorais ce marche de mon enfance ( annees 60),
il y avait de tout on pouvait acheter des disques de mon idole johnny des vieux numeros de salut les copain ( le journal a la mode pour les jeunes),
des livres anciens , des disques de Samy el Maghribi, d'Albert Suissa de Zohra el Fassia, des timbres anciens des pieces de monnaies et des billets anciens un genre entre marche aux puces et il y avait aussi la friperie, on achetait des jupons avec cancans,des chemisiers en dentelles.............quelle nostalgie,ya mama,la-bas
c'?tait mon empire et je me sentais l'imperatrice soly,je denichais chaque fois de belles choses , apres le D.L.P, voila on arrive sur la place du marche et on cherche hmido notre porteur , il savait que nous serions la vers 10 h ,
c'etait comme ca depuis longtemps il nous attendait tous les dimanches.
Hmido avait des couffins immenses comme ceux qu'on met sur le dos de l'ane , les 2 couffins etaient relies entre-eux par une large bande tressee en ficelle , qu'il mettait sur son epaule.
il restait avec nous environ 2 h , 2 h et demi, il attendait nous suivait et remplissait les couffins a fur et a mesure.
On commencait par le boucher il y en avait des dizaines et l'endroit s'appelait B"erchid", rue des Synagogues.
Chaque famille juive casablancaise avait son boucher et elle le gardait pendant des annees .
La boutique du boucher etait impeccable, le boucher portait un tablier blanc et sa viande (des grands morceaux de vaches et de moutons) etaient accroches a de gros fers a une barre en fer tres longue pres du plafond.
Le boucher decoupait le morceau de viande pour le client directement sur le morceau accroche, etre boucher etait un metier qui se transmettait de pere en fils ( tandis qu'aujourd'hui , c'est un metier que les jeunes n'aiment pas du tout).
Apres le boucher, on allait chez le poissonnier,pour acheter,les sardines, car tous les dimanches, on mangeait les restes du shabat mais surtout,les sardines grillees sur le canoune ( mejmare) et les braises.
On achetait,le saumon, pes espada, ou merou pour shabat.
et du merlan frais pour les boulettes, a la sauce tomate,
ou pour le farcir avec de la puree de pommes de terre et du persil coupe, et faire frire ensuite........
Ensuite on achetait legumes et fruits : les legumes selon la saison, feves, artichauts,cardons,patates douces( moniatos de california),petits pois, truffes, artichauts nains avec des piquants ( harissas).
Et les legumes de toute l'annee pommes de terre,tomates,concombres,laitue,.
ensuite le pain, il y avait un petit juif qui avait une boulangerie du moyen-age avec four dans cette rue et il faisait un pain de reve, il avait plusieurs sortes, il les mettait en pyramide et l'odeur on pouvait la sentir dans tout le souk..........
Dans cette meme rue des synagogues au numero 138 il y avait la fameuse boutique de monsieur Joseph Lugassy la c'etait le royaume des menageres , il vendait des capsules pour les gateaux et petits fours de toutes les grandeurs,des couleurs pour les pates d'amende, des amendes des cacahuetes, du coco, des moules pour barquettes, des manches pour la creme ( kharaya)des entonnoirs pour la kharaya, le vin pour le kidouch, les mezouzotes,les talites, les tefilimes, des livres de prieres pour toutes les prieres et pour toutes les fetes,
en 1965 joseph lugassy est parti pour israel.
voila hmido partait seul a la maison "chez mama Sol"au boulevard mohamed V au passage galinari numero 95, avec les 2 couffins sur son epaule ( quelques annees plus tard il avait assez d'argent pour acheter une bicyclette).
lorsque Hmido partait , souvent on allait peleriner sur la tombe de Rabbi Liaou et on allait acheter le nana , pres de l'une des portes ou on sortait sur la "rue des Anglais , il y avait , et je me rappelle comme si c'etait hier 2 musulmans un de chaque cote de cette porte , un vendait du nana, et l'autre vendait dans une grande jarre en terre du petit lait ( rrayeb),ou (lben) et les gens buvaient sur place .
Le marchand de "nana" avaient des sacs en ficelles avec plusieurs sortes de nana et il criait : FLAIO, SOFI, MEKNASSI, AABDI, LOUIZA, HARCHA, MAR DEL DOUCHE( MARJOLAINE), CHIBA, CAZBOR, M'ADNOS...............
on achetait ce qu'il fallait et on retournait avec un petit taxi a la maison.
Hmido etait deja arrive et nous attendait.
A la maison il y avait mon grand pere "papa Moise", c'etait le jour de conge de la bonne.
Hmido recevait son argent et un bon bahchiche( pourboire) et il mangeait un peu de "d a f i n a" que "mama Sol gardait expres pour lui et des salades , hmido adorait la "d a f i n a". et il partait content jusqu'a dimanche prochain.
On mangeait nous aussi apres que hmido soit parti, on sortait tout ce qu'il restait dans le frigidaire du Shabat plus les sardines grillees,qui etaient sacree le dimanche.
Apres manger commencait la cacherisation de la viande pour toute la semaine .
Bassines, sels, eau, des heures de travail dans la cuisine .
Au Maroc,chaque jour de la semaine etait dedie au shabat:
dimanche :
marche , achats et cacherisation de la viande.
lundi:
lessive des nappes et serviettes et les vetements pour shabat et tout le reste du linge de tous les jours.
la lessive se faisait a la maison dans la buanderie pour ceux qui avaient de la place , ou sur la terrasse .
le linge etaient trempe dans une bassine ( bagno) en aluminium depuis la veille, avec du tide ( tide lavando y yo descansando, tide lava todo lo que ay que lavar tide lava todo , tide limpia mas) c'?tait la promo a radio tanger sur le tide.( ?a veut dire tide lave et moi je me repose, tide lave tout ce qu'il faut laver, tide lave tout tide nettoie mieux)
il y avait 4 sortes de savon en poudre, omo, tide, pax, et bonux et si le linge etait tres sale on ajoutait 2 cuillers de cristaux ( comme des petits cailloux blancs).
le linge blanc passait de bassine en bassine ,
la bassine du savon,
la bassine avec l'eau du premier rincage,
la bassine avec l'eau et javel la croix
la bassine avec le bleu pour donner au blanc, un ?clat, une couleur profonde,
la bassine avec l'eau du dernier rin?age.
et une petite bassine avec amidon pour les nappes et serviettes.
alors lundi je savait que c'etait le jour des bassines, le linge etait lave sur une planche a laver en bois. la feraka.
il y avait une sabana qui venait tous les lundis , la bonne chez nous ne lavait pas le linge elle avait assez de travail a la maison .
la terrasse appartenait a tous les voisins et chacun avait son jour ,nous, c'etait le lundi et depuis le matin jusqu'a la tombee de la nuit, car le mardi appartenait a un autre voisin.
mardi :
Jour achat des poulets et repassage.
les poulets etaient choisis et egorges par le rabbin ( shokhet).
c'est papa qui achetait les poulets c'etait tres long car il fallait choisir les poulets ensuite la shekhita, et le plumage, les plumeuses etaient assises par terre , l'odeur des poulets etaient infernale.
j'avais des nausees, je n'allais que kippour , car a kippour c'etait un vrais cirque.
a la maison il fallait enlever les petites plumes qui restaient encore, et bruler sur le gaz la peau du poulet le vider, et la cacherisation.
la bonne repassait pendant toute la journee, les nappes du shabat, les napperons les draps........
mercredi :
jour des gateaux pour toute la semaine et surtout pour shabat.la maison ressemblait a une patisserie.
maman et la bonne petrissaient sans perdre une minute.
petits pains au chocolat.
galettes sucrees.
le gateaux au chocolat special pour shabat a 4 h .
les cacahuetes et les pepites grilles .
jeudi:
nettoyage du shabat et epluchage des legumes.
toute la maison etait sans dessus dessous on poussait les lits armoires, commodes.
a la cuisine bassine de pomme de terre pour le pastel( pastella) .
bassine des pommes de terre pour la "d a f i n a".
pois chiche dans un grand bol trempes pour la "d a f i n a"...........
grace a D. lorsque je revenais de l'ecole la maison ?tait pessah, j'avais horreur de se remue-m?nage, car si le dimanche je passais la journee chez mes grands parents maternels le reste de la semaine j'etais chez papa et maman, avec mes 2 soeurs.
vendredi:
c'etait le "jour J", LE JOUR LE PLUS LONG, LE PLUS DIFFICILE, TOUT DOIT eTRE PReT A L'HEURE AVANT LA RENTReE DU SHABAT.
il fallait petrir le pain( obligatoire).
Il y avait un four au bout de la rue Pierre Parent,angle,rue Karachi, c'est la que la bonne l'emmenait.
Il fallait,preparer le pastel,( pastella), c'est le repas que font pendant des siecles les juifs de la zone espagnole , Tanger, Tetouan, Arzila, Larache, Alkazar el Kibir ,
Il n'y a pas de shabat sans pastel ni poisson ni matboukha.
pr?paration du poisson en rouge,avec ail et k'zbor.
Le poisson est la berakha du shabat pour les marocains.
Je suis nee a casablanca je suis une bidaouia mais je ne connais pas les aadotes(coutumes) des Casablancais chez nous on mangeait made in Larache.
La preparation des salades: matboukha, barba ( beteraves, ) bishbash, khizo (carottes )piments grilles, artichauts bouillis si c'etait la saison.
Pour la preparation de la reine D A F I N A : les pommes de terres ,les pois-chiches ,un morceau de pied de vache,de la viande de poitrine, patate douce, une petite orissa de ble en rouge dans une boite de guigoz en aluminium qu'on mettait dans la marmite de la "d a f i n a", une tripe farcie comme une saucisse qu'on roulait en escargot ,et des oeufs,la marmite devait etre tres grande.
Apr?s que la "d a f i n a" avait cuit pendant au moins 2 h avant de la mettre sur la beatrice( fourneau) on ajoutait le cafe de massa dans la marmite, et on mettait a feux doux sur la beatrice juste avant la rentree du shabat. lorsqu'on habitait a la rue du commissaire ladeuil ( pres du boulevard d'anfa)il y avait un four pour les "d a f i n a s" a la rue Jacquemain et maman vers 3 h fermait le couvert de la marmite avec des bandes en papier qu'elle collait avec une colle faite de farine et d' eau.Yhasra, vous connaissez tous ca.........rires.
cafe de massa pour la "d a f i n a": c'est une pate qu'on petri une fois par mois , on fait des longs lacets de cette pate qu'on decoupe avec un couteau et on roule comme un grain de caf? , on met, les caf?s de massa a secher au soleil et ensuite a cuire au four quelques minutes , ou bien on les fait frire.
et on les partage pour 4 shabates.
c'est un regal je vous assure,cette "d a f i n a" de cafe de massa.
shabat:
papa allait au travail(il travaillait a la S.M.D) et il revenait tot pour l'aperitif, avec du "Ricard 45", des oeufs de poisson seches( mokhama), et des oeufs mimosa.
shabat: a 13 h le repas de reve..............................
a 4 h le gateau au chocolat
et le soir lilt el had :
le poulet avec olives et citrons confits.
(j'ai encore le gout a la bouche)
Et c'est comme ca jusqu'a aujourd'hui. on n'a pas bouge d'un fil .
ces quelques lignes sont
Hmido le heros de mes dimanches,jours de marche:
Hmido tu dois avoir mon age, aujourd'hui, je te fais un grand shalom, depuis Israel, car tu fais parti des reves de mon enfance,
tu devais avoir une douzaine d'annee et tu devais peser une trentaine de kilos et le poids des couffins depassait ton propre poids et moi je te voyais comme un "Hercules" meme si tu etais tres petit et tres maigre moi je n'arrivais pas a lever 2 kilos pendant 2 heures, j'admirais ton courage tu levais tout ce poids pour gagner quelques sous,tu devais etre surement assez pauvre,tu nous parlais jamais de ta famille,tu ne parlais jamais,tu etais timide .
Et a vous mes cheres bonnes R'zala , Rkia, et Zohra la toute derniere.
Comme vous m'avez manquez,il n'y a plus personne pour nous aider a preparer tout ce que vous avez lu plus haut, et a amidonner et a repasser( mais y a t'il encore des gens qui amidonnent?????????
et surtout pour me raconter des histoires sur lonja la fille de "Yama la rrola" et sur "Aycha kandicha",et "J'ha".......................qui me fascinaient et me faisaient tr?s tr?s peur.