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larache
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Témoignage. Mémoires de Oulad El Kariane Empty Témoignage. Mémoires de Oulad El Kariane

Mar 26 Mai - 17:28:09
Témoignage. Mémoires de Oulad El Kariane

Mohamed Sakib devant l'un des
murs de Dar Bouazza, propriétaire des
terres sur lesquels ont été baties
les Carrières Centrales (HH / Telquel)
Mohamed Sakib, né bidonvillois, ressuscite la mémoire des Carrières Centrales en collectant les témoignages de ses vieux habitants. Tribus, rejetons d'ouvriers d’usine, résistants, artistes en herbe. Un pan d’histoire du Maroc s’y est écrit.


Petit de taille et voûté, l’homme scrute les grues qui attaquent la terre où il y a encore peu se dressaient des baraques en tôle ondulée. Des moutons paissent à proximité de ces engins qui détruisent les souvenirs d’enfance de Mohamed Sakib, né en pleine Carrières Centrales en 1941, après que son père goumier
eût quitté la région de Safi avec sa femme et une ribambelle de beaux frères et de belles-soeurs. En contrebas, se dessine Dar Lamane, un projet de logements sociaux couronnés par le prestigieux Prix d’architecture de l’Aga Khan au début des années 80. à droite, s’éleve le projet de logements sociaux Hassan II où ont été relogés de nombreux Karianistes à la fin des années 90. Des blocs de béton couronnés par aucun prix d’architecture, juste entachés des malversations de Laâfora, l’ancien gouverneur. "Il y a peu encore, j’étais un élèment de la diaspora des Carrières Centrales, qui n’avait aucune conscience de l’importance du bidonville dans sa vie", chuchote Mohamed Sakib, une caractèristique du personnage qui vous contraint à tendre l’oreille à chacun de ses propos.
C’est avec l’âge, une fois de retour au Hay Mohammadi, après avoir bourlingués en Algérie, en France, en Mauritanie, et aux quatres coins du Maroc, que Mohamed Sakib prend conscience combien le bidonville l’a marqué à tout jamais. Il décide alors de devenir le mémorialiste des Carrières Centrales. Depuis, cet ex-journaliste à La Vie économique, part à la pêche aux témoignages tous les week-ends lors de balades entre les allées ombrées de tôles ondulées des dernières poches des Carrières Centrales. Il entame toujours son parcours par une visite à Ba Ghazwani, patron de la première minoterie des Carrières Centrales. Ouverte en 1920, on retrouve dans ses structures métalliques des élements récupérés de l’Esqalera, l’une des premières usines du Maroc : "Cette dernière a été détruite. à mon sens, c’est aussi grave que la disparition du Théâtre Municipal de Casablanca ou de la villa d’Anfa où se sont réunis Churchill et Roosevelt. Après tout, c’est ici même qu’est née la classe ouvrière marocaine, à l’ombre des premières usines du Maroc". L’oncle de Mohamed Sakib était lui-même ouvrier aux huileries et savonneries du Maroc, "le soir en rentrant du boulot, il me ramenait des grignons, le reste de la presse des cacahouètes" raconte ce dernier.

Collecte de souvenirs d’enfance
Ba Ghazwani a hérité la minoterie d’un "Monsieur Gilles", qui s’était installé à proximité des baraques d’ouvriers qu’il fallait nourrir. Depuis que la classe ouvrière s’est réduite à une peau de chagrin, Ba Ghazwani diversife ses activités. La salle de jeu qu’il a ouvert au milieu de la minoterie attire ce qui sera sans doute la dernière génération de karianistes, des gamins d’une dizaine d’années venus tuer un dimanche après-midi de juillet. Ba Ghazwani est une encyclopédie orale précieuse pour Mohamed Sakib. à75 ans, le vieux meunier a encore une mémoire infaillible de la toponymie des lieux, il connaît chaque partie du kariane par coeur avec sa date de construction. Au fil de la conversation, les noms défilent : kariane Kabla, kariane Lahba, kariane Krimates, kariane Khlifa, kariane Lyoude, kariane Aïd l’Arch. Et parmi ces quartiers de fortune, le kariane Lahouna (ils nous ont jetés) au nom très suggestif, pour rappel du déracinement vécu par les premières populations rurales des Carrières Centrales. "Les premiers habitants se regroupaient par tribu. Chaque soir en rentrant de l’usine, ils allumaient des feux et jouaient la musique de leur région respective. Chaque kariane disposait d’une place centrale où se déroulaient ces veillés musicales. C’est là que je traînais mes guêtres quand j'étais enfant", raconte Mohamed Sakib.
Et plus tard, la génération des Ghiwane. Le travail sur la mémoire entrepris par Mohamed Sakib se double d’une quête identitaire, la sienne propre. Chaque petit pan d’histoire recueilli le renvoie à un souvenir d’enfance précis. Quand Ba Ghazwani, lui, raconte le typhus et la famine qui décimaient les habitants du kariane en 1946, les corps enterrés dans une fosse commune et recouverts de chaux, Mohamed Sakib se souvient de sa mère, elle-même victime du typhus quand il avait 5 ans. Ou bien encore de ce corps de femme étendu devant chez lui, autre victime de l’épidémie : "J’avais 8 ans et je sortais de chez moi pour aller à l’école. Elle était là devant la porte, face contre terre, sa chevelure étirée sur le sol car les poux quittaient le corps sans vie" se souvient-il."à l’époque, il n’était pas rare de voir quelqu’un tomber subitement, mort du typhus dans la file d’attente où nous attendions une moitié de pain avec notre bon de rationnement" surenchérit Ba Ghazwani en rembarrant un gamin venu faire de la monnaie pour le flipper : "Plus tard, tu ne vois pas qu’on discute !"

L’époque de la résistance
Dans le labyrinthe du bidonville, Mohamed Sakib reprend sa promenade dominicale sûr de son chemin, cédant le passage à une jeune fille de corvée d’eau ou à un gamin qui court, croisant des mères de familles prenant le frais sur le perron de leurs baraques. Prochaine étape, une visite à Ba Mahjoub, un menuisier de 75 ans. L’activité de Ba Mahjoub est désormais plus un passe-temps qu’un métier. L’œil encore vif, il raconte à Mohamed Sakib son passé de constructeur de baraques, quand les affaires étaient florissantes : "J’ai appris la technique auprès des Français. Nous construisions les baraques selon des dimensions précises héritées des normes établies par les propriétaires d’usines des environs. Pour ma part, j’ai dû construire plus d’un tiers des Carrières Centrales". Ancien résistant, Ba Mahjoub faisait partie de cette "chair à canon" qui n’a jamais écrit ni signé aucun manifeste. Lui était le bras armé de la résistance, membre du lumpen prolétariat chauffé à blanc par les discours de la bourgeoisie istiqlalienne. "Pour passer un barrage militaire sans encombre, mon frère a dû avaler une centaine de balles de revolver" se souvient Ba Mahjoub. Son frangin était tellement assoiffé d’action qu’il snifait de la poudre de balle pour se maintenir en bonne condition psychologique durant ses moments de désoeuvrement. "à l’époque de la résistance, le kariane était sillonné de minuscules allées entre les baraques qui formaient un réseau où circulait les résistants" explique Mohamed Sakib. C’était une zone de guérilla urbaine, où l’armée ne pouvait pas mettre les pieds, les Carrières Centrales servaient d’ailleurs de base arrière et de refuge à de nombreux leaders de la résistance. "Un vieux karianiste m’avait montré la baraque où se cachait Abderrahman Youssoufi. Mohamed Zerktouni serait passé aussi par ici" rajoute ce dernier. Au milieu des années 50, la mort violente était omniprésente dans la vie des bidonvillois. Exécution de traîtres sur la place du marché, ou bien attentats devant des enfants désabusés ne prêtant plus attention à cette violence quotidienne, à l’image de Mohamed Sakib : "Un matin, j’ai vu le Khalifa du quartier mourir devant mes yeux tué par un résistant. Quelques minutes plus tard, devant mon école, le même résistant aidait un Allemand, directeur de cette école, à remonter le rideau du garage. Le monsieur l’a remercié, le résistant lui a tiré une balle dans la tête avant de blesser l’institutrice qui hurlait de terreur" Ba Mahjoub a acheté des magasins et des maisons à ses enfants à Rabat, mais n’a jamais quitté pour sa part le kariane. Il possède une échoppe de menuisier dans l’allée principale du bidonville, là où se trouve la "saqa safra", "monument" et point de repère de tous les habitants du Hay Mohammadi du fait de son ancienneté. "J’aurais pu acheté une maison à 500 DH au bloc Castor après l’indépendance, mais les gens de l’Istiqlal nous l’ont déconseillé. Ils nous ont expliqué que c’était une traîtrise à la résistance", se souvient Ba Mahjoub. On lui avait promis en échange un terrain à bâtir en récompense pour ces actes de résistance. Il n’en a jamais vu la couleur ni humé l’odeur. Cette promesse, jamais honorée, n’est pas sans rappeler le témoignage d’un vieux monsieur croisé pendant le ramadan 1999 après le dernier grand incendie en date des Carrières Centrales : "Mohamed V est venu nous remercier pour l’avoir ramené d’exil. Il nous avait même promis de faire disparaître le kariane" Aux dernières nouvelles, le vieux monsieur y vit toujours, 50 ans après le discours royal, tenu devant une foule énorme de karianistes. Les Carrières Centrales, ville de gueux, rebaptisé Hay Mohammadi en l’honneur de Mohammed V, fut royaliste un temps. Le temps du désenchantement. Ancien communiste et sympathisant d’Ilal Amam, Mohamed Sakib est revenu dans le quartier de son enfance en 1974, contraint et forcé, victime des années de plomb : "J’ai été arrêté à Marrakech et emprisonné un an à Derb Moulay Cherif. Le centre de détention a été construit sur un terrain vague, là même où je jouais gamin Se faire torturer par un régime dans un quartier qui porte un tel nom, peut-on imaginer plus cruel paradoxe ?" témoigne ce dernier.

Le kariane, communauté junk
Mohamed Sakib n’a plus aucun rapport avec la politique, mais quand l’occasion se présente, il honore d'autres victimes du quartier. Il était présent au premier rang lors de la manifestation à Sidi Bernoussi pour honorer les morts des émeutes de 1981. Le reste du temps, il poursuit les chimères du passé, tente de faire revivre une époque révolue. Parmi ces projets en latence, un café de la mémoire "où pourraient se réunir tous les anciens karianistes désoeuvrés pour se raconter leurs histoires. J’en profiterais pour recueillir le maximum de témoignages, avant que toute cette mémoire ne disparaisse avec la mort de ces gens". Au-delà de son devoir de mémorialiste, Mohamed Sakib agit pour redonner fierté aux karianistes. "La culture karianiste existe ! Elle est partie prenante du mouvement junk art. Ou autrement dit de l’art populaire constitué de matériaux de récupération". Mohamed Sakib en a eu la révélation il y a peu, lors d’une conférence du plasticien Abdelhaï Diouri à la Villa des Arts. Depuis, Mohamed Sakib réunit de la documentation sur ce mouvement artistique du "do it yourself" et multiplie les contacts. Le dernier en date, Pierre Bongiovanni, un documentariste rencontré lors du festival Art vidéo de Ben M’sik. Ce dernier travaille sur les bidonvilles de Buenos Aires et de Calcutta. Mohamed Sakib lui a fait visiter les Carrières Centrales. Résultat : un projet de documentaire en cours...
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