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Contes & légendes. Kane ya ma kane
Mar 26 Mai - 17:05:11
Contes & légendes. Kane ya ma kane
Rien de mieux pour se divertir l’été que de (re)découvrir ces Hajjayat, contes populaires qui constituent la mythologie du Maroc ancestral. Morceaux choisis.
C’était il y a longtemps. Tous les soirs, au coucher du soleil, les grand-mères réunissaient leurs petits-enfants autour d’elles. Qu’elles soient Arabes ou Berbères, elles avaient en mémoire des dizaines de légendes. Chaque culture avait ses codes. Les Berbères ont construit leurs contes allégoriques en s’inspirant du monde animalier. Les Arabes, plus littéralistes, s’en sont tenus à des personnages humains. Assis à leurs pieds, les enfants écoutaient leurs grand-mères leur raconter des histoires de bêtes qui parlent de héros du passé, d’hommes et de femmes à la grande sagesse… C’est ainsi qu’elles leur apprenaient les leçons de la vie. Ces contes sont aujourd’hui, pour la plupart,
oubliés. Et si on en redécouvrait quelques uns ? Il était une fois...
Le mari, la femme et les villageois
Un homme avait épousé une femme très jolie, mais de mœurs légères. à quiconque lui faisait des propositions, elle disait oui. Mais son mari n’arrivait pas à se séparer d’elle. Ne supportant plus le regard des autres, il émigra dans une autre tribu et y demanda l’hospitalité. Quand les gens virent que sa femme était si jolie, on lui fit bon accueil. Voilà donc que notre homme vit ces bons villageois affluer chaque jour chez lui et l’assaillir de prévenances.
"Toute cette générosité que me témoignent ces gens, n’est-ce pas après ma femme qu’ils en ont ?!" se dit-il.
Le soir, il se rendit à la salle de prière et y attendit que fut récitée la prière du soir, que fussent partis les notables et que reste seulement le tout-venant.
"S’il vous plaît, mes amis, dit-il à l’assistance. Je voudrais vous faire part d’un petit problème et il ne faudrait pas que j’attende jusqu’à avoir devant vous" "Dieu nous préserve de quoi que ce soit de honteux entre nous" "C’est que ma femme a une manie peu avouable ".
"à savoir ?", lui demanda-t-on.
"Eh bien, les hommes, elle leur coupe les testicules, sauf votre respect".
"Mais, mon bon monsieur, qu’avons-nous à voir avec votre femme ? C’est à vous seul que nous avons à faire" "à Dieu ne plaise, fit-il, sait-on jamais !"
Quand notre homme les eut quittés, ils se dirent entre eux : "Dites donc, qu’est-ce qu’il est venu nous raconter, celui-là ?!"
"Demain, si Dieu veut, proposa l’un d’entre eux, du nom d'ahmed, je vais tirer cette affaire au clair. Mais il nous faut user d'une ruse. Vous allez m’attacher une corde au pied et vous tenir cachés. Si je vous crie "tirez", c’est que l’information est bonne, tirez donc, afin qu’elle ne me les coupe pas. Si je ne vous dis rien, restez tranquilles".
Ils fabriquèrent une corde et l’apprêtèrent. Le mari, lui, était retourné chez sa femme. Ils avaient dîné et s’étaient couchés.
"J’ai une nouvelle, comme tu n’en as jamais entendu" dit-il.
"Chez les gens de ce pays, reprit-il, tout mâle a bien une verge, mais pas de testicules !" "Que Dieu nous en préserve, s’exclama-t-elle. Qu’est-ce que c’est que ce pays ?"
Depuis qu’il lui avait dit ça, la femme ne pensait qu’à le vérifier.
Quand le jour se fut levé, voilà que Ahmed lui fit signe et elle alla vers lui :
"Je me tiens à l’intérieur du potager, lui dit-il, Quand tu estimeras le moment favorable, viens"
"Je viendrai" dit-elle.
Elle rentra chez elle préparer le petit-déjeuner pour son mari. L’autre retourné auprès de ses camarades, il les avait installés à l’intérieur d’un autre potager. Il attacha la corde à son pied et eux se saisirent de l’autre extrémité.
Au bout d’un moment, la femme arriva. Le gaillard ne pensait qu’à ses testicules, avec la peur qu’elle ne les lui coupât. Sitôt qu’elle se fut étendue par terre, elle leva la main pour vérifier s’il en avait ou pas. à peine l’eut-elle touché que l’autre bondit en criant :
"Tirez, tirez ! Mes pauvres
testicules ! "
"Mais, s’écria-t-elle, c’est justement à leur sujet que je voulais te poser une question"
"Va-t-en donc, cria-t-il, c’est bien me les couper que tu voulais"
La femme eut beau l’implorer pour qu’il revînt, l’homme n’avait plus confiance en elle. Il partit.
"Ce que nous a dit le mari, dit-il aux autres, est absolument vrai. Faites gaffe, des fois qu’elle ne les coupe à quelqu’un!"
Nos villageois rentrèrent chez eux, et de ce jour-là, dès qu’ils la voyaient, ils s’enfuyaient.
Moralité : ce n’est pas avec la force mais avec la ruse qu’on gère une femme
Le hérisson, le chacal et le lion
C’est l’histoire d'un chacal, d'un hérisson et d'un lion qui s’associèrent pour la culture d'un champ. S’étant mis d’accord, ils labourèrent, moissonnèrent, vannèrent et enfin s’apprêtèrent à partager la récolte. Quand le boisseau fut apporté, on pria le chacal de procéder à la mesure. Ayant acquiescé, il s’empara du boisseau et se mit à mesurer :
"Voilà une part pour moi, annonça-t-il, en voilà une pour tonton lion, et une pour tonton hérisson…"
Le lion lui envoya un coup de patte qui lui arracha la peau du crâne.
Alors le hérisson lui enleva le boisseau :
"Mais tu ne sais pas mesurer", s’exclama-t-il, et il ajouta :
"Le partage, c’est pas comme ça que ça doit se passer"
Puis, prenant la mesure, il commença ainsi : "En voilà une pour tonton lion, en voilà deux pour tonton lion, en voilà trois pour tonton lion, en voilà quatre pour tonton lion, en voilà cinq pour tonton lion, et de six pour tonton lion, et de sept pour tonton lion, et de huit pour tonton lion ; et en voilà une pour moi et une , chacal"
"Mais qui donc, s’exclama le lion, t’a inculqué de si bonnes manières ?"
"Ca, dit le hérisson, c’est ce bon chacal avec son crâne en sang"
Moralité : il faut savoir apprendre des erreurs des autres
Le hérisson, le chacal et le piégé
Un hérisson faisait route avec un chacal. Il était devant et le chacal le suivait de près. Alors qu'ils cheminaient, voilà que le hérisson aperçut un piège devant lui. Il se retourna et dit à son compagnon :
"Oncle chacal, donne-moi une gifle. Je n'ai vraiment pas de savoir-vivre, alors que je suis jeune et toi mon aîné, je marche devant toi"
Le chacal passa donc devant, et voilà que le piège se referma sur lui ; le hérisson détala.
"Viens, lui cria le chacal, sens un peu mes narines et la chaleur elles dégagent !"
"Cette chaleur, dit le hérisson, je la sens bien d'ici"
Moralité : mieux vaut être malin que fort
Souleimane et la chouette
Le roi Souleimane régnait sur le monde des esprits, des hommes et des animaux, mais perdait tout son charisme et sa volonté dès qu’il se trouvait face à sa femme. Un jour d’hiver, celle-ci lui dit : "Il nous faut un tapis fait de plumes".
"Ma chère, lui dit-il, en ce moment, il fait froid, si nous ôtons aux oiseaux leurs plumes, ils mourront à coup sûr".
"Rien à faire, dit-elle. Arrange-toi comme tu voudras"
Souleimane convoqua alors les oiseaux. Tous se présentèrent. Mais il manquait la chouette. Elle seule n'était pas venue. Ayant perdu patience à l'attendre, le roi Souleimane, dit aux autres : "Quand la chouette arrivera, avertissez-moi que je la punisse".
Lorsqu'elle fut enfin arrivée et qu'on l'eut amenée devant le roi, celui-ci la gronda : "Qu'est ce qui t'a pris, rebus des oiseaux, de te mettre en retard ?"
"Monseigneur, dit la chouette, promettez-moi l'impunité, et je vous le dirai".
Souleimane lui donna sa parole et la chouette lui dit : "Monseigneur, je me posais des questions sur quelques sujets. J'étais perplexe à propos de la nuit et du jour. Je me demandais lequel surpassait l'autre, de la nuits ou du jour ? Et j'étais
également perplexe à propos de l'homme et de la femme. Je me demandais qui surpassait l'autre, de l'homme ou de la femme ? C'est cela monseigneur, conclut-elle, qui m'a fait perdre du temps et a retardé mon arrivée".
"Eh bien, demanda le roi, qu'est-ce donc qui surpasse l'autre, le jour ou le nuit ?"
"Monseigneur, répondit elle, j'ai découvert que la nuit surpassait le jour et que la femme surpassait l'homme"
" Pourquoi donc ?" fit-il
Rien de mieux pour se divertir l’été que de (re)découvrir ces Hajjayat, contes populaires qui constituent la mythologie du Maroc ancestral. Morceaux choisis.
C’était il y a longtemps. Tous les soirs, au coucher du soleil, les grand-mères réunissaient leurs petits-enfants autour d’elles. Qu’elles soient Arabes ou Berbères, elles avaient en mémoire des dizaines de légendes. Chaque culture avait ses codes. Les Berbères ont construit leurs contes allégoriques en s’inspirant du monde animalier. Les Arabes, plus littéralistes, s’en sont tenus à des personnages humains. Assis à leurs pieds, les enfants écoutaient leurs grand-mères leur raconter des histoires de bêtes qui parlent de héros du passé, d’hommes et de femmes à la grande sagesse… C’est ainsi qu’elles leur apprenaient les leçons de la vie. Ces contes sont aujourd’hui, pour la plupart,
oubliés. Et si on en redécouvrait quelques uns ? Il était une fois...
Le mari, la femme et les villageois
Un homme avait épousé une femme très jolie, mais de mœurs légères. à quiconque lui faisait des propositions, elle disait oui. Mais son mari n’arrivait pas à se séparer d’elle. Ne supportant plus le regard des autres, il émigra dans une autre tribu et y demanda l’hospitalité. Quand les gens virent que sa femme était si jolie, on lui fit bon accueil. Voilà donc que notre homme vit ces bons villageois affluer chaque jour chez lui et l’assaillir de prévenances.
"Toute cette générosité que me témoignent ces gens, n’est-ce pas après ma femme qu’ils en ont ?!" se dit-il.
Le soir, il se rendit à la salle de prière et y attendit que fut récitée la prière du soir, que fussent partis les notables et que reste seulement le tout-venant.
"S’il vous plaît, mes amis, dit-il à l’assistance. Je voudrais vous faire part d’un petit problème et il ne faudrait pas que j’attende jusqu’à avoir devant vous" "Dieu nous préserve de quoi que ce soit de honteux entre nous" "C’est que ma femme a une manie peu avouable ".
"à savoir ?", lui demanda-t-on.
"Eh bien, les hommes, elle leur coupe les testicules, sauf votre respect".
"Mais, mon bon monsieur, qu’avons-nous à voir avec votre femme ? C’est à vous seul que nous avons à faire" "à Dieu ne plaise, fit-il, sait-on jamais !"
Quand notre homme les eut quittés, ils se dirent entre eux : "Dites donc, qu’est-ce qu’il est venu nous raconter, celui-là ?!"
"Demain, si Dieu veut, proposa l’un d’entre eux, du nom d'ahmed, je vais tirer cette affaire au clair. Mais il nous faut user d'une ruse. Vous allez m’attacher une corde au pied et vous tenir cachés. Si je vous crie "tirez", c’est que l’information est bonne, tirez donc, afin qu’elle ne me les coupe pas. Si je ne vous dis rien, restez tranquilles".
Ils fabriquèrent une corde et l’apprêtèrent. Le mari, lui, était retourné chez sa femme. Ils avaient dîné et s’étaient couchés.
"J’ai une nouvelle, comme tu n’en as jamais entendu" dit-il.
"Chez les gens de ce pays, reprit-il, tout mâle a bien une verge, mais pas de testicules !" "Que Dieu nous en préserve, s’exclama-t-elle. Qu’est-ce que c’est que ce pays ?"
Depuis qu’il lui avait dit ça, la femme ne pensait qu’à le vérifier.
Quand le jour se fut levé, voilà que Ahmed lui fit signe et elle alla vers lui :
"Je me tiens à l’intérieur du potager, lui dit-il, Quand tu estimeras le moment favorable, viens"
"Je viendrai" dit-elle.
Elle rentra chez elle préparer le petit-déjeuner pour son mari. L’autre retourné auprès de ses camarades, il les avait installés à l’intérieur d’un autre potager. Il attacha la corde à son pied et eux se saisirent de l’autre extrémité.
Au bout d’un moment, la femme arriva. Le gaillard ne pensait qu’à ses testicules, avec la peur qu’elle ne les lui coupât. Sitôt qu’elle se fut étendue par terre, elle leva la main pour vérifier s’il en avait ou pas. à peine l’eut-elle touché que l’autre bondit en criant :
"Tirez, tirez ! Mes pauvres
testicules ! "
"Mais, s’écria-t-elle, c’est justement à leur sujet que je voulais te poser une question"
"Va-t-en donc, cria-t-il, c’est bien me les couper que tu voulais"
La femme eut beau l’implorer pour qu’il revînt, l’homme n’avait plus confiance en elle. Il partit.
"Ce que nous a dit le mari, dit-il aux autres, est absolument vrai. Faites gaffe, des fois qu’elle ne les coupe à quelqu’un!"
Nos villageois rentrèrent chez eux, et de ce jour-là, dès qu’ils la voyaient, ils s’enfuyaient.
Moralité : ce n’est pas avec la force mais avec la ruse qu’on gère une femme
Le hérisson, le chacal et le lion
C’est l’histoire d'un chacal, d'un hérisson et d'un lion qui s’associèrent pour la culture d'un champ. S’étant mis d’accord, ils labourèrent, moissonnèrent, vannèrent et enfin s’apprêtèrent à partager la récolte. Quand le boisseau fut apporté, on pria le chacal de procéder à la mesure. Ayant acquiescé, il s’empara du boisseau et se mit à mesurer :
"Voilà une part pour moi, annonça-t-il, en voilà une pour tonton lion, et une pour tonton hérisson…"
Le lion lui envoya un coup de patte qui lui arracha la peau du crâne.
Alors le hérisson lui enleva le boisseau :
"Mais tu ne sais pas mesurer", s’exclama-t-il, et il ajouta :
"Le partage, c’est pas comme ça que ça doit se passer"
Puis, prenant la mesure, il commença ainsi : "En voilà une pour tonton lion, en voilà deux pour tonton lion, en voilà trois pour tonton lion, en voilà quatre pour tonton lion, en voilà cinq pour tonton lion, et de six pour tonton lion, et de sept pour tonton lion, et de huit pour tonton lion ; et en voilà une pour moi et une , chacal"
"Mais qui donc, s’exclama le lion, t’a inculqué de si bonnes manières ?"
"Ca, dit le hérisson, c’est ce bon chacal avec son crâne en sang"
Moralité : il faut savoir apprendre des erreurs des autres
Le hérisson, le chacal et le piégé
Un hérisson faisait route avec un chacal. Il était devant et le chacal le suivait de près. Alors qu'ils cheminaient, voilà que le hérisson aperçut un piège devant lui. Il se retourna et dit à son compagnon :
"Oncle chacal, donne-moi une gifle. Je n'ai vraiment pas de savoir-vivre, alors que je suis jeune et toi mon aîné, je marche devant toi"
Le chacal passa donc devant, et voilà que le piège se referma sur lui ; le hérisson détala.
"Viens, lui cria le chacal, sens un peu mes narines et la chaleur elles dégagent !"
"Cette chaleur, dit le hérisson, je la sens bien d'ici"
Moralité : mieux vaut être malin que fort
Souleimane et la chouette
Le roi Souleimane régnait sur le monde des esprits, des hommes et des animaux, mais perdait tout son charisme et sa volonté dès qu’il se trouvait face à sa femme. Un jour d’hiver, celle-ci lui dit : "Il nous faut un tapis fait de plumes".
"Ma chère, lui dit-il, en ce moment, il fait froid, si nous ôtons aux oiseaux leurs plumes, ils mourront à coup sûr".
"Rien à faire, dit-elle. Arrange-toi comme tu voudras"
Souleimane convoqua alors les oiseaux. Tous se présentèrent. Mais il manquait la chouette. Elle seule n'était pas venue. Ayant perdu patience à l'attendre, le roi Souleimane, dit aux autres : "Quand la chouette arrivera, avertissez-moi que je la punisse".
Lorsqu'elle fut enfin arrivée et qu'on l'eut amenée devant le roi, celui-ci la gronda : "Qu'est ce qui t'a pris, rebus des oiseaux, de te mettre en retard ?"
"Monseigneur, dit la chouette, promettez-moi l'impunité, et je vous le dirai".
Souleimane lui donna sa parole et la chouette lui dit : "Monseigneur, je me posais des questions sur quelques sujets. J'étais perplexe à propos de la nuit et du jour. Je me demandais lequel surpassait l'autre, de la nuits ou du jour ? Et j'étais
également perplexe à propos de l'homme et de la femme. Je me demandais qui surpassait l'autre, de l'homme ou de la femme ? C'est cela monseigneur, conclut-elle, qui m'a fait perdre du temps et a retardé mon arrivée".
"Eh bien, demanda le roi, qu'est-ce donc qui surpasse l'autre, le jour ou le nuit ?"
"Monseigneur, répondit elle, j'ai découvert que la nuit surpassait le jour et que la femme surpassait l'homme"
" Pourquoi donc ?" fit-il
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Re: Contes & légendes. Kane ya ma kane
Mar 26 Mai - 17:07:04
["Parce qu'une nuit de clair de lune est comptée comme jour"
Tu as raison, dit-il, et l'homme, en quoi la femme le surpasse-t-elle ?"
"C'est parce que, monseigneur, tout homme qui se plie à la volonté de sa femme est compté comme une femme !
Moralité : même le plus grand des rois a des choses à apprendre de ses sujets.
Ourida, la chatte noire
Il était une fois une femme qui possédait une chatte noire qu'elle appelait Ourida. Chaque matin, cette femme trouvait une pièce d'or sous son oreiller, et la dépensait sans chercher à en connaître la provenance.
Un jour, cependant, elle tourna la pièce entre ses doigts, réfléchit et se posa toutes les questions auxquelles elle n'avait jamais songé jusqu'alors.
Quand tomba la nuit, elle évita de se laisser aller au sommeil, et observa ce qui se passait dans sa chambre, les yeux mi-clos.
Au pied du lit, la chatte Ourida qui faisait d’abord mine de dormir, se leva lentement, s'étira, puis bondit et disparut par la fenêtre entrouverte.
Aussitôt, la femme rejeta sa couverture et se précipita sur ses traces.
Arrivée au bord d’un buisson, elle vit la chatte noire se secouer et devenir une jeune fille d'une grande beauté.
Cette jeune fille alla ensuite s'asseoir un peu plus loin et tira de sa ceinture un miroir et du fard qu'elle appliqua sur ses yeux, ses joues et ses lèvres. Elle orna son front et ses épaules de bijoux et de voiles transparents aux vives couleurs, et bientôt son aspect fut celui d'une chikha.
Après avoir fini de se parer, elle marcha jusqu'aux murs d'enceinte et franchit la porte de la ville, suivie de loin par sa maîtresse.
Elle continua ainsi jusqu'à un lieu désertique où l'attendaient d'autres chikhates vêtues de costumes éclatants. Ces filles de la nuit s'empressèrent autour d'elle et lui demandèrent la raison de son retard.
"Ma maîtresse ne pouvait pas trouver le sommeil !" expliqua-t-elle.
Ourida ayant fini ses explications, les chikhates s’en allèrent chanter et danser au son des tam-tams, devant un public d'hommes drapés dans leur burnous.
Au matin, elles se partagèrent ce qui leur avait été remis par les hommes et chacune rentra chez elle avec sa pièce d'or.
Sa curiosité satisfaite, la femme précéda Ourida en courant le long du chemin.
Elle eut même le temps de se précipiter dans son lit et de rabattre la couverture avant que la chatte noire n’entre dans sa chambre en sautant par la fenêtre. Mais tandis que la chatte Ourida s'approchait doucement de l'oreiller, sa maîtresse s’empressa de lui dire "Je sais maintenant que tu es une jennia et je connais la façon dont tu gagnes la pièce d'or que tu glisses chaque matin sous mon oreiller !"
Quelle imprudence fut la sienne ! Car, ce dont cette femme ne pouvait se douter, c'est que reconnue, la jennia devenue chatte le resterait toute sa vie, et ne pourrait plus jamais donner de pièces d'or.
Moralité : trop de curiosité devient un défaut
L’homme, la vipère et le hérisson
Dans ce conte marocain, une vipère demande des comptes à un homme et en appelle au jugement des animaux, qui ne sont pas tendres avec lui. Seul le hérisson rend un jugement favorable, dont l'homme aurait bien fait de tenir compte, on le comprendra à la fin....
C'est l'histoire d'un homme qui était en déplacement. Arrivé au bord d'un ruisseau, voilà qu'il trouva une vipère.
Eh l'homme, lui dit-elle, je vous en conjure, faites-moi passer.
C'est ça, ma bonne dame, fit le voyageur, je m'en vais vous faire passer et alors vous ne voudrez plus descendre.
Pour sûr, protesta-t-elle, je vous en fais la promesse solennelle.
C'est entendu, dit-il, où vais-je vous mettre ?
Jetez-moi simplement sur votre épaule. Il la prit donc sur son épaule. Et quand il l'eut fait passer, elle ne voulut plus descendre.
Elle lui signifiait qu'elle le citait en justice :
Nous allons soumettre notre litige au chameau que voilà, lui dit-elle. Le chameau, lui, était vieux ; il ne se levait plus.
Sil me condamne à descendre, ajouta-t-elle, je descendrai ; s'il vous condamne à me porter, vous ne porterez.
Quand ils furent près du chameau, elle dit à celui-ci :
Pour ce qui est de ce fils d'Adam, partout où il me trouve, il me tue. Et vous, maintenant, comment allez-vous trancher entre nous ?
Faites- lui un nœud coulant, dit le chameau. Tant que j'étais en bonne santé et que je transportais de lourdes charges, je vivais dans l'intimité de l'homme. Maintenant que j'ai perdu la santé, eh bien vous voyez dans quel état il m'a abandonné.
Ils partirent et se rendirent auprès d'un cheval.
Voilà, lui dit la vipère, je vous ai amené cet individu, pour que vous nous fassiez justice.
Il n'y a pas d'autre justice pour lui, dit le cheval, que celle-là même que vous lui avez faite là. Au temps où j'étais en bonne santé, il m'avait confectionné une selle et des rênes brodées, et il me faisait ferrer en temps utile ; et j'avais droit à toute sorte de fourrages et à tout ce qui me faisait besoin. Je le sauvais du milieu de l'ennemi et le ramenais dans le camp ami. Maintenant que j'ai perdu la santé, eh bien vous voyez dans quel état l'homme m'a abandonné. Serrez lui le nœud coulant à lui en faire jaillir les yeux des orbites.
En voilà deux, dit la vipère à l'homme, à qui nous avons soumis notre différend. Chez qui voulez-vous encore aller ?
Je ne vous en demande plus qu'un seul, dit-il.
C'est entendu, accorda-t-elle, mais à quelque personne que nous nous adressions, vous trouverez dans son arbitrage les conséquences de votre comportement.
Ils se rendirent chez le hérisson.
Pour l'amour de Dieu, chef, dit l'homme, il faut que vous me rendiez justice avec cette créature. Elle m'a demandé de lui faire passer le ruisseau. Je l'ai fait. Elle ne veut plus descendre.
Vos lois ne sont pas les miennes, dit le hérisson.
Et pourquoi n'avez-vous pas les mêmes lois que nous ? demanda la vipère.
Parce que, dit-il.
Non, non, insista la vipère, prenez la décision qui vous semblera bonne, et faites nous la savoir.
C'est que, dit le hérisson, les gens du ciel, ceux de la terre n'ont pas à les juger.
C'est donc à moi que vous faites allusion ? demanda la vipère.
Parfaitement, dit le hérisson, si en effet vous voulez obtenir justice, il vous faut descendre à terre afin que je prononce ma sentence. Et après, vous ferez comme il vous semblera bon. Elle descendit donc.
Et maintenant, lança le hérisson à l'homme, voilà le vivant par terre et vous, vous avez la mort dans la main. Qu'est-ce que vous attendez d'autre ? L'homme aussitôt frappa la vipère et la tua.
Quand il l'eut tuée, il se pencha sur le hérisson et lui dit :
Je m'en vais t'emporter pour te donner à des gamins.
Est-ce vraiment indispensable que j'aille avec toi ? demanda le hérisson. Absolument, dit l'homme.
Au nom du ciel, supplia le hérisson, c'est que j'ai des enfants, et tu connais bien les droits qu'ils ont sur nous. En quelque état que je les laisse, c'est ainsi qu'ils resteront. Il faut que tu m'accompagnes pour passer les voir.
D'accord, fit l'homme et il partit avec lui.
Ils arrivèrent à l'entrée d'un terrier dans lequel il y avait une vipère.
Je t'en prie, dit le hérisson, il faut que tu m'aides. C'est que mes enfants sont assez désobéissants. Il suffit que je leur dise : "Allez", pour qu'ils me fassent des difficultés pour sortir. Toi, barre-leur la route, et le premier qui sort tu l'attraperas.
Le hérisson entra dans le terrier. Quand il arriva auprès de la vipère, il se roula en boule et piqua la vipère.
L'homme, de son côté, se coucha complètement sur le ventre et se mit à observer attentivement la venue des petits du hérisson.
Quant à la vipère, dès qu'elle sortit, elle tomba sur l'homme qui était là à guetter. Et elle le mordit. Le hérisson, qui la suivait, eut la surprise de constater qu'elle en avait déjà terminé avec lui.
Et voilà, s'écria-t-il , comment on joue un bon tour à quelqu'un !
Moralité : l’homme finit toujours par payer le prix de son égoïsme
*Références : Alphonse Leguil, Contes berbères de l'Atlas de Marrakech, Ed L'Harmattan, 2000. www.Tamurth.net et www.1001contes.com
Tu as raison, dit-il, et l'homme, en quoi la femme le surpasse-t-elle ?"
"C'est parce que, monseigneur, tout homme qui se plie à la volonté de sa femme est compté comme une femme !
Moralité : même le plus grand des rois a des choses à apprendre de ses sujets.
Ourida, la chatte noire
Il était une fois une femme qui possédait une chatte noire qu'elle appelait Ourida. Chaque matin, cette femme trouvait une pièce d'or sous son oreiller, et la dépensait sans chercher à en connaître la provenance.
Un jour, cependant, elle tourna la pièce entre ses doigts, réfléchit et se posa toutes les questions auxquelles elle n'avait jamais songé jusqu'alors.
Quand tomba la nuit, elle évita de se laisser aller au sommeil, et observa ce qui se passait dans sa chambre, les yeux mi-clos.
Au pied du lit, la chatte Ourida qui faisait d’abord mine de dormir, se leva lentement, s'étira, puis bondit et disparut par la fenêtre entrouverte.
Aussitôt, la femme rejeta sa couverture et se précipita sur ses traces.
Arrivée au bord d’un buisson, elle vit la chatte noire se secouer et devenir une jeune fille d'une grande beauté.
Cette jeune fille alla ensuite s'asseoir un peu plus loin et tira de sa ceinture un miroir et du fard qu'elle appliqua sur ses yeux, ses joues et ses lèvres. Elle orna son front et ses épaules de bijoux et de voiles transparents aux vives couleurs, et bientôt son aspect fut celui d'une chikha.
Après avoir fini de se parer, elle marcha jusqu'aux murs d'enceinte et franchit la porte de la ville, suivie de loin par sa maîtresse.
Elle continua ainsi jusqu'à un lieu désertique où l'attendaient d'autres chikhates vêtues de costumes éclatants. Ces filles de la nuit s'empressèrent autour d'elle et lui demandèrent la raison de son retard.
"Ma maîtresse ne pouvait pas trouver le sommeil !" expliqua-t-elle.
Ourida ayant fini ses explications, les chikhates s’en allèrent chanter et danser au son des tam-tams, devant un public d'hommes drapés dans leur burnous.
Au matin, elles se partagèrent ce qui leur avait été remis par les hommes et chacune rentra chez elle avec sa pièce d'or.
Sa curiosité satisfaite, la femme précéda Ourida en courant le long du chemin.
Elle eut même le temps de se précipiter dans son lit et de rabattre la couverture avant que la chatte noire n’entre dans sa chambre en sautant par la fenêtre. Mais tandis que la chatte Ourida s'approchait doucement de l'oreiller, sa maîtresse s’empressa de lui dire "Je sais maintenant que tu es une jennia et je connais la façon dont tu gagnes la pièce d'or que tu glisses chaque matin sous mon oreiller !"
Quelle imprudence fut la sienne ! Car, ce dont cette femme ne pouvait se douter, c'est que reconnue, la jennia devenue chatte le resterait toute sa vie, et ne pourrait plus jamais donner de pièces d'or.
Moralité : trop de curiosité devient un défaut
L’homme, la vipère et le hérisson
Dans ce conte marocain, une vipère demande des comptes à un homme et en appelle au jugement des animaux, qui ne sont pas tendres avec lui. Seul le hérisson rend un jugement favorable, dont l'homme aurait bien fait de tenir compte, on le comprendra à la fin....
C'est l'histoire d'un homme qui était en déplacement. Arrivé au bord d'un ruisseau, voilà qu'il trouva une vipère.
Eh l'homme, lui dit-elle, je vous en conjure, faites-moi passer.
C'est ça, ma bonne dame, fit le voyageur, je m'en vais vous faire passer et alors vous ne voudrez plus descendre.
Pour sûr, protesta-t-elle, je vous en fais la promesse solennelle.
C'est entendu, dit-il, où vais-je vous mettre ?
Jetez-moi simplement sur votre épaule. Il la prit donc sur son épaule. Et quand il l'eut fait passer, elle ne voulut plus descendre.
Elle lui signifiait qu'elle le citait en justice :
Nous allons soumettre notre litige au chameau que voilà, lui dit-elle. Le chameau, lui, était vieux ; il ne se levait plus.
Sil me condamne à descendre, ajouta-t-elle, je descendrai ; s'il vous condamne à me porter, vous ne porterez.
Quand ils furent près du chameau, elle dit à celui-ci :
Pour ce qui est de ce fils d'Adam, partout où il me trouve, il me tue. Et vous, maintenant, comment allez-vous trancher entre nous ?
Faites- lui un nœud coulant, dit le chameau. Tant que j'étais en bonne santé et que je transportais de lourdes charges, je vivais dans l'intimité de l'homme. Maintenant que j'ai perdu la santé, eh bien vous voyez dans quel état il m'a abandonné.
Ils partirent et se rendirent auprès d'un cheval.
Voilà, lui dit la vipère, je vous ai amené cet individu, pour que vous nous fassiez justice.
Il n'y a pas d'autre justice pour lui, dit le cheval, que celle-là même que vous lui avez faite là. Au temps où j'étais en bonne santé, il m'avait confectionné une selle et des rênes brodées, et il me faisait ferrer en temps utile ; et j'avais droit à toute sorte de fourrages et à tout ce qui me faisait besoin. Je le sauvais du milieu de l'ennemi et le ramenais dans le camp ami. Maintenant que j'ai perdu la santé, eh bien vous voyez dans quel état l'homme m'a abandonné. Serrez lui le nœud coulant à lui en faire jaillir les yeux des orbites.
En voilà deux, dit la vipère à l'homme, à qui nous avons soumis notre différend. Chez qui voulez-vous encore aller ?
Je ne vous en demande plus qu'un seul, dit-il.
C'est entendu, accorda-t-elle, mais à quelque personne que nous nous adressions, vous trouverez dans son arbitrage les conséquences de votre comportement.
Ils se rendirent chez le hérisson.
Pour l'amour de Dieu, chef, dit l'homme, il faut que vous me rendiez justice avec cette créature. Elle m'a demandé de lui faire passer le ruisseau. Je l'ai fait. Elle ne veut plus descendre.
Vos lois ne sont pas les miennes, dit le hérisson.
Et pourquoi n'avez-vous pas les mêmes lois que nous ? demanda la vipère.
Parce que, dit-il.
Non, non, insista la vipère, prenez la décision qui vous semblera bonne, et faites nous la savoir.
C'est que, dit le hérisson, les gens du ciel, ceux de la terre n'ont pas à les juger.
C'est donc à moi que vous faites allusion ? demanda la vipère.
Parfaitement, dit le hérisson, si en effet vous voulez obtenir justice, il vous faut descendre à terre afin que je prononce ma sentence. Et après, vous ferez comme il vous semblera bon. Elle descendit donc.
Et maintenant, lança le hérisson à l'homme, voilà le vivant par terre et vous, vous avez la mort dans la main. Qu'est-ce que vous attendez d'autre ? L'homme aussitôt frappa la vipère et la tua.
Quand il l'eut tuée, il se pencha sur le hérisson et lui dit :
Je m'en vais t'emporter pour te donner à des gamins.
Est-ce vraiment indispensable que j'aille avec toi ? demanda le hérisson. Absolument, dit l'homme.
Au nom du ciel, supplia le hérisson, c'est que j'ai des enfants, et tu connais bien les droits qu'ils ont sur nous. En quelque état que je les laisse, c'est ainsi qu'ils resteront. Il faut que tu m'accompagnes pour passer les voir.
D'accord, fit l'homme et il partit avec lui.
Ils arrivèrent à l'entrée d'un terrier dans lequel il y avait une vipère.
Je t'en prie, dit le hérisson, il faut que tu m'aides. C'est que mes enfants sont assez désobéissants. Il suffit que je leur dise : "Allez", pour qu'ils me fassent des difficultés pour sortir. Toi, barre-leur la route, et le premier qui sort tu l'attraperas.
Le hérisson entra dans le terrier. Quand il arriva auprès de la vipère, il se roula en boule et piqua la vipère.
L'homme, de son côté, se coucha complètement sur le ventre et se mit à observer attentivement la venue des petits du hérisson.
Quant à la vipère, dès qu'elle sortit, elle tomba sur l'homme qui était là à guetter. Et elle le mordit. Le hérisson, qui la suivait, eut la surprise de constater qu'elle en avait déjà terminé avec lui.
Et voilà, s'écria-t-il , comment on joue un bon tour à quelqu'un !
Moralité : l’homme finit toujours par payer le prix de son égoïsme
*Références : Alphonse Leguil, Contes berbères de l'Atlas de Marrakech, Ed L'Harmattan, 2000. www.Tamurth.net et www.1001contes.com
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